Vagabondage et interprétation non conventionnels …
D’un côté, la Vierge à l’enfant de la chapelle Saint Roch tient une bille (ou une très grosse perle) entre les doigts de la main droite. De l’autre, Saint Anne dans la chapelle de la Vierge tient de la même manière un anneau entre son pouce et son index.
L’une est l’Immaculée Conception, mère et toujours vierge, l’autre est la mère de l’Immaculée Conception, enfin enceinte à un âge avancé.
A côté de l’analyse en rapport avec la théosophie de Jacob Böhme donnant une représentation de la Sophia ou Sagesse de Dieu, évoquée dans le livre « Eglise Saint Saturnin de Palairac : Une Demeure Philosophale ? », promenons-nous dans ces symboles pour en tirer peut-être d’autres conclusions, sans la moindre arrière-pensée et constituant de pures hypothèses.
Une bille entre les doigts de la Vierge marque peut-être sa virginité. La bille est un espace clos bien représentatif de cet état féminin. L’anneau ou la bague, encore plus l’anneau que tient Saint Anne à Palairac, fait d’une bille qu’on a transpercé, est par excellence un symbole non clos ou encore percé…
Il peut représenter l’état de la femme qui a « consommé » sa virginité.
La bille indiquerait donc la virginité, l’anneau indiquerait la perte de cette virginité et, conséquemment et accessoirement, la future maternité du sujet.
Au XVIème et encore au XVIIème, ces considérations graphiques permettaient peut-être de donner l’état virginal ou pas du sujet représenté. Pourquoi ce principe ne pourrait-il pas s’appliquer aux statues ou encore aux peintures, principalement dans le domaine profane ?Prenons l’exemple de l’école de Fontainebleau avec le célèbre tableau de Gabrielle d’Estrée et d’une de ses soeurs. Les historiens de l’art voient dans l’anneau que tient Gabrielle de sa main gauche (profane) le signe d’une future naissance ou de son union (future) avec Henry IV. Le mamelon pincé par la soeur, toujours de la main gauche, les confortent dans cette vision d’une naissance prochaine. Alors pourquoi n’avoir pas plutôt fait un petit ventre à Gabrielle ?
Et si ces deux femmes, présentées nues, nous donnaient éventuellement une indication concernant leur intimité : l’une indiquant, par l’anneau, qu’elle a perdu sa virginité (depuis assez longtemps puisqu’elle avait déjà plusieurs enfants), l’autre en pinçant le mamelon, espace clos ressemblant à une bille, indiquant qu’elle est toujours vierge.
Le même raisonnement pourrait s’appliquer à d’autres tableaux représentant des dames, le buste nu et tenant une bague entre leurs doigts.