La fresque

Interprétation alchimique

Le sommet de l'Oeuvre ?



Dans la symbolique purement religieuse, la croix est le symbole de la Foi, l'ancre celui de l'Espérance, le rouge et le sang du calice ceux de la Charité. Ce sont les trois vertus théologales qui permettent de vaincre avec l'aide des deux Alliances le serpent, symbole du mal ou du péché originel.
Jusqu'à présent aucune autre interprétation que religieuse n'a été donnée dans ces pages concernant la symbolique de l'église Saint Saturnin de Palairac. Léon Gineste, par son livre paru en 2007 "Hermestine", s'est attaché à décrire quelques unes des pièces baroques (ou plus récentes, comme la cloche ou la table de Communion) selon son domaine de compétence. Il n'a toutefois pas tout traité dans le détail ou encore parlé de la fresque murale. Evidemment, cette fresque se prête bien à une interprétation en rapport avec les phases du Grand Oeuvre.
Exceptionnellement sera proposée ici une signification en rapport avec l'Alchimie des éléments représentés dans le temple.
Certains pourraient s'étonner des interprétations alchimiques ou des références à l'Alchimie données dans ce site à propos du mobilier de l'église. Elles ont pour objectif de déterminer, dans le cas présent, l'origine et le message de la fresque, la raison de certains de ses détails et de tirer une signification globale de la symbolique de l'objet. Le contexte historique de l'époque où a été mise en place la décoration de l'église permet la prise en compte de cet aspect qui ne constitue qu'une piste de recherche.
Rappelons que Palairac a été le siège d'exploitations minières depuis l'Antiquité et qu'à partir du travail des métaux, nos anciens ont développé une théorie d'évolution de la matière et en ont tiré une philosophie liée au perfectionnement matériel et spirituel.
Ignorer cet aspect du savoir de nos anciens, même s'il est erroné, parce que cela touche à un domaine -ésotérique- que l'Histoire Officielle ou la Science n'accepte que difficilement serait passer à côté de l'expression de cet aspect dans la décoration de l'église si telle a été l'intention de ses concepteurs. Apparemment les alchimistes n'ont pas craint de mélanger la religion avec la philosophie hermétique. Les religieux et les historiens, voire les scientifiques, sont invités à étudier le sujet en faisant preuve d'ouverture. Rappelons aussi et insistons sur le fait que l'Alchimie ne serait pas (seulement) une recette pour fabriquer de l'or, ou encore le travail des métaux proprement dit, mais une philosophie expérimentale, fusionnant la matière et l'esprit, tirée des connaissances de la Nature que l'Homme a élaboré pendant des millénaires jusqu'à l'avènement de la science moderne. Certes beaucoup de conceptions comme le "vitalisme" ou la lente maturation naturelle des métaux vers la perfection de l'or ne sont plus valables aujourd'hui (*). Mais ce n'est pas une raison pour ne pas en tenir compte : son étude permet de comprendre les actes de certaines personnes dans un contexte historique.
Parmi les travailleurs aux mines, non pas généralement le mineur de fond, mais les "conducteurs de travaux", chargés du traitement des métaux, on dirait aujourd'hui les ingénieurs, se sont trouvés des hommes qui cherchaient à comprendre la Nature, à l'imiter, à percer le mystère de la Vie et à y trouver un sens et un but dans une théorie "unificatrice". La religion, qu'on le veuille ou non, était au coeur de leur préoccupation. Ils ont cherché à marier leur Foi avec la connaissance de la Nature qu'ils avaient.

La légende villageoise, qui veut que louis XIV ait visité la mine d'argent de Lacanal (dont une grande partie de l'argent aurait servi à sa fameuse vaisselle) et offert le mobilier de l'église, lie la décoration de l'église au travail des métaux. C'était la manière "populaire" d'exprimer cette caractéristique, sans savoir exactement sur quoi elle repose en réalité. Ne dit-on pas "Vox populi, vox Dei" ?

Tout le monde a remarqué que les tables de la Loi de la fresque de Palairac ne semblent numérotées qu'à droite. Les numéros VI, VII, VIII étant bien visibles, le IX s'estompe et le X est pratiquement invisible. L'interprétation purement religieuse ne donne pas de signification à la petite boule rouge semblant produire les "ombres rouges", ou plutôt projections, décalées à droite. Rappelons aussi que la croix et l'ancre se croisent en X derrière les tables et que le temple représenté se trouve tout en haut du retable de Saint Roch.
Tout en haut, c'est à dire à la fin de l'ouvrage, au faîte. La fin de l'Oeuvre serait donc représentée. Des tables numérotées devant le symbole X évoquent ... des tables de multiplication. Mais des multiplications spéciales en base 10 (toujours X). La dernière partie du Grand Oeuvre consisterait à donner à la pierre rouge (petite boule rouge en haut à gauche), qui sans cela n'aurait pas, ou peu, de vertu, le "pouvoir de projection" (les ombres rouges). Selon la théorie des alchimistes, cette opération connue sous le nom de multiplications permettrait de donner un pouvoir potentiel transmutatoire à la pierre suivant une progression géométrique (logarithmique) de base 10. La pierre initiale ne transmuterait pas (ou peu selon la voie), multipliée une fois, elle transmuterait 10 fois son poids (de métal vil en or, pour rester dans le "physique"), multipliée deux fois, 100 fois son poids, multipliée 3 fois, 1000 fois son poids etc.
Basée sur la décade, la théorie achimique envisagerait jusqu'à 10 multiplications.
L'opération consisterait à refaire l'ouvrage en considérant la pierre comme la matière première. Toutefois l'opération serait à chaque fois beaucoup plus courte. En vue d'un rendement optimal théorique seraient proposées ici 6 à 8 multiplications (trois suffiraient en pratique assurent certains). Pour une poudre de projection, certains Adeptes disent qu'il ne faut pas dépasser la septième ou huitième multiplication (transmuterait 100.000.000 fois son poids!). D'où, la présence éventuelle du petit triangle de feu situé à côté du VIII s'il y a bien eu intention de le représenter. A la neuvième multiplication la pierre deviendrait lumineuse, et perdrait son potentiel pouvoir de projection en devenant une "lampe perpétuelle", et à la dixième, très courte, la pierre, toujours lumineuse, disparaît dans un "autre monde". Voilà pourquoi le numéro X serait quasiment invisible. Toujours pour les adeptes, l'opération de multiplication, en augmentant les vertus de la pierre, lui confèrerait un surcroit de masse. Cela pourrait expliquer la présence de la grosse boule rouge suspendue au crochet gauche de la croix...
La croix, dans ce cas, représenterait les 4 éléments qui se succèdent pour faire l'ouvrage. L'ancre serait une allusion à la voie humide et à la propriété qu'a l'ancre d'arrêter les navires. C'est-à-dire de les fixer. Les multiplications viseraient en effet aussi à fixer correctement la pierre de manière à ce qu'elle ne se volatilise pas lorsqu'on la place sur une lame de cuivre rougie au feu. Quant au serpent il représenterait l'agent incisif indispensable, subissant les 4 éléments et permettant la cuisson de la matière.
Bien sûr les tables de la Loi peuvent s'interpréter comme des règles de vie à suivre, mais aussi des lois à observer lors de manipulations.

Attention cependant, même si cette "interprétation" de la symbolique de la peinture "colle bien", elle peut n'être qu'une "belle histoire" sans aucun fondement véritable...


Notes :

(*) Certes aboutissant à d'autres éléments (Pb pour U), on peut remarquer que la loi de décroissance radio-active est très proche de leur conception.
De même la radio-activité naturelle pourrait être un candidat éventuel pour le côté physique de leur "spiritus mundi" (assimilable dans leur vision à une sorte de "Qi" ou "Prana" à l'Occidentale) qui agit très lentement sur la matière terrestre soumise à son action.
Toute transmutation implique une action au niveau des noyaux atomiques. Divers rayonnements de nature nucléaire (Alpha, Beta, Gamma, faisceau de neutrons), peut-être "sentis" et considérés par les alchimistes comme des "esprits", devraient intervenir dans l'élaboration de la "Pierre Philosophale", ou tout au moins dans "l'utilisation" d'une "poudre de projection".
La transmutation du mercure en or est faisable... A titre d'exemple, la réaction suivante permet de "facilement" transmuter du mercure (un de ses isotopes stables et rare (0.15%), Z=80, A=196) en or (Au, Z=79 et A=197)), à condition d'avoir une source de neutrons en quantité et en énergie suffisantes :


196Hg+n=197Hg+g

L'isotope 197 du mercure produit se désintègre par capture K en or (en 3 jours pour moitié)...
Certains diront : "hyperchimie" que tout cela ! (physique nucléaire en réalité)
On pourrait penser que les travaux scientifiques actuels sur la "fusion froide" pourraient donner quelque validité aux transmutations à faible énergie que revendiquaient les alchimistes. Mais ces travaux sont souvent très controversés, notamment par les défenseurs du "dogmatisme" scientifique (à bon escient cependant). Sans parfois avoir besoin de nier le résultat de l'expérience, c'est souvent le protocole expérimental qui est pointé du doigt, menant à une expérience non conforme et la rejetant dans le domaine des pseudo-sciences.
Malheureusement de véritables lynchages médiatiques sanctionnent les coupables (ex: affaire Benveniste et son inexacte "mémoire de l'eau")...
Certes il faut veiller à se prémunir des dérives ou des erreurs, mais où est l'esprit scientifique dans tout cela ?
Pour franchir la barrière de répulsion entre particules de même signe, les connaissances actuelles sur les intéractions matérielles exigent exclusivement des énergies (même par un effet tunnel) incompatibles avec les tests de fusion froide ou encore les énergies développées au sein des corps vivants.
Cependant
la véritable nature de ces interactions ne nous est pas encore tout-à-fait connue (rappel : gravitation, électromagnétisme, interactions faible et forte)
Enfin, il est inenvisageable du point de vue scientifique, d'introduire la qualité (physique, morale et philosophique) de l'opérateur dans le processus d'une expérience, comme semblent le revendiquer les alchimistes.